Histoire de la phonomimie de Augustin Grosselin

Histoire de la phonomimie de Augustin GROSSELIN

Jean-qui-Rit utilise sa phonomimie tous les jours. Voyons donc un peu l’histoire de cette phonomimie
pour mieux la connaître.

Augustin Grosselin est né à Sedan le 14 mai 1800. Il fait des études de droit, mais ce n’est pas le
domaine de la justice qui le rendra célèbre.
Il se marie en 1824 et son épouse lui donnera bientôt quatre enfants. Il est important de rappeler
que les lois scolaires de Jules Ferry datent des années 1880 et qu’il n’y a pas d’obligation scolaire au
moment où Grosselin devient père de famille. Ses enfants sont donc « scolarisés », ou plus exactement
« scolarisés dans la famille ». C’est Madame Grosselin qui apprend à lire à ses enfants. Le fils aîné
d’Augustin Grosselin n’a jamais eu d’autre professeur que lui-même ; il a obtenu son baccalauréat à
16 ans et était sténographe.

Augustin Grosselin sera toujours passionné par l’éducation : il est l’inventeur de la sténographie, mais
on connaît moins ses inventions de la « langue mondiale », ses cours d’histoire « mémotechniques », ses
planisphères, ses alphabets cubiques et autres boîtes typographiques, etc.

Augustin Grosselin a inventé la phonomimie avant tout pour ses enfants, parce qu’il estimait que
l’apprentissage de la lecture devait être plus facile pour l’enseignant comme pour l’enseigné. Dans sa
famille, avec ses petits-enfants, Monsieur Grosselin expérimente sa nouvelle méthode, à laquelle il
donne le nom de « phonomimie », que l’on peut traduire par « mimétisme des sons » (expression de son
biographe).

Humaniste et attentif à la misère de son temps, il fonde une société de secours et participe avec
Madame Pape-Carpentier à la création des « salles d’asile », ancêtre de nos écoles maternelles, qui fut
un véritable levier pour l’introduction de la méthode phonomimique. C’est dans les asiles que la
méthode a été testée puis généralisée (rappelons la misère de ces asiles, conçus à l’origine pour
enfermer les enfants dans une pièce au lieu de les laisser seuls dans la rue !)
« Pour quiconque a suivi des exercices de phonomimie dans une classe, la solution est toute
naturelle : l’oreille, l’œil et la main de l’élève travaillent simultanément, il n’y a pour lui aucun motif
de distraction, toute son attention est occupée. Et le maître, consultant toutes ces mains qui parlent,
s’assure d’un coup d’œil que tous suivent la leçon avec profit et, on peut le dire, avec plaisir ». (notice
biographique, Bourguin, 1870)

Un jour, dans l’un de ces asiles de Givet, la jeune sourde-muette Juliette Fraison a commencé à
communiquer avec des entendants en utilisant la phonomimie, ce qui a conduit notre Augustin
Grosselin à un autre projet : la création d’écoles où sourds et entendants pourraient être enseignés
ensemble ! C’est ainsi qu’aujourd’hui encore, certains pensent que la phonomimie a été créée pour
les enfants sourds.

Son biographe prouve le contraire lorsqu’il écrit en 1870 : « Une chose assez étrange, mais qui m’a été
confirmée plusieurs fois par lui-même, c’est que M. Grosselin n’a eu en vue que les enfants
entendants en composant son alphabet des signes ».

Madame Pape-Carpantier publie le premier livre de lecture utilisant la méthode phonomimique, et la
méthode est même présentée à l’Exposition Universelle de 1867 à Paris, où Augustin fit installer une
salle de classe avec des élèves pour présenter sa méthode de façon vivante ! Lors des expositions
universelles de 1889 et de 1900, la phonomimie est même récompensée par une « médaille d’or » !

Il faut aussi mentionner Mademoiselle Gaudon, directrice de la salle d’asile de la rue Bertholet à
Paris, où la méthode a trouvé sa première application, et qui a écrit le premier recueil de petites
histoires pour illustrer les phonèmes.
On peut raisonnablement penser que sans l’aide de ces femmes, Marie Pape-Carpentier et
Mademoiselle Gaudon, la phonomimie ne serait pas devenue la méthode d’apprentissage de la
lecture dans toutes les écoles parisiennes en 1900 ! Nous ne pouvons que regretter le temps où tous
les enfants apprenaient la phonomimie !

Il faut souligner qu’Augustin Grosselin a rencontré la baronne de Marenholtz, qui a diffusé les idées
de Froebel, le fondateur des jardins d’enfants, et la baronne de Combrugghe, qui a traduit les œuvres
de Froebel et testé avec succès la méthode Grosselin à l’école Saint Josse ten Noode de Bruxelles.
Il n’est pas moins raisonnable de penser que sans Marie-Brigitte Lemaire, la phonomimie dormirait
sur les étagères de la BNF (Bibliothèque nationale de France).
Je conclurai par une citation d’Augustin Grosselin :
« L’idéal d’une méthode d’enseignement pour le premier âge consiste à réunir la vue, l’ouïe et le
toucher, c’est-à-dire les trois sens qui sont les principaux instruments de l’intelligence et de la
mémoire et qui n’agissent dans la plénitude de leur puissance que lorsqu’ils interviennent
simultanément ».

Jean qui Rit est actuellement la seule méthode qui utilise la phonomimie de Grosselin, associée bien
sûr au chant et aux gestes qui font de l’apprentissage de la lecture un tout cohérent.
La pédagogie de Jean qui Rit utilise la phonomimie de Grosselin, mais pas seulement ! Le génie de
Jean qui Rit est d’avoir enrichi ce concept avec les apports de grands pédagogues comme Madame
Ward, Madame Lubienska de Lenval et Madame Bugnet, mais ça c’est une autre histoire… !

Article écrit par François Cotte, Président de l’Association Jean Qui Rit

Bibliographie:

« Augustin Grosselin (1800-1870) et la méthode phonomimique : une méthode d’apprentissage pour
l’intégration des enfants sourds à l’école primaire », par Olivier Héral, Glossa / Les Cahiers de
l’UNADREO, décembre 2008

« Marie Pape-Carpantier : fondatrice de l’école maternelle », par Colette Cosnier, Paris, Fayard, 2003

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